détail sculpture du château de Gaillon dans l'Eure
photo MR

Gaillon château prison

entrée du château de gaillon dans l'eure
entrée principale du château en 2016 (MR)

Le temps des prisons sur le site du château de Gaillon dans l'Eure.

Le directeur de l’administration pénitentiaire Louis Herbette affirmait en 1891 que le temps imposait à certains lieux de peines apparemment immuables, tel le château de Gaillon, des « bizarreries de destinée » et des « revirements de fortune » qui faisait que leur histoire tenait du roman. Voici quelques dates relative à la période carcérale du site :

Ancien château donné par Saint-Louis aux archevêques de Rouen qui en firent leur résidence d'été, le château de Gaillon connaît d'importants embellissements sous l'autorité du cardinal d'Amboise, qui en fait le premier château Renaissance de France, agrémenté d'imposants jardins terrasses. Après un déclin et des démolitions partielles provoqués par plusieurs changement de propriétaires sous la Révolution, un décret du 3 janvier 1812 affecte le lieu à une maison centrale de détention mixte.

En 1820, un quartier correctionnel pour mineurs est ouvert.

Vers 1840, un quartier industriel ouvre dans un bâtiment neuf situé sur le plateau des jardins hauts. Cet établissement ferme en 1868 et les colons sont transférés à la colonie agricole des Douaires, ouverte en 1848 à 3km du château.

Le 17 mai 1876, le site de l'ancien quartier correctionnel voit l'ouverture d'un quartier pour condamnés aliénés. Cet établissement est le premier du genre en France et il restera unique durant toute sa période d'activité. Ce quartier est conçu comme annexe de la maison centrale et son bâtiment neuf dédié comprend notamment un bâtiment d'hydrothérapie.

annexe psychiatrie asile prison château de gaillon
bâiment central du quartier des aliénés en 2016 (photo MR)

La maison centrale ferme par décret du 30 septembre 1901.

L'asile spécial de condamnés aliénés et épileptiques est supprimé à partir du 1er juillet 1906 (décret du 21 avril 1906). Une colonie correctionnelle pour mineurs est aménagée à sa place en 1908 pour soulager la colonie correctionnelle d'Eysses. Durant cette période, le château reste la propriété du ministère de l'Intérieur qui l'affecte en caserne militaire (1901-1919).

La colonie correctionnelle ferme en 1921.

Le site des Douaires ferme en 1925.

En janvier 1939, le château est rouvert pour assurer l'hébergement de plus de 400 civils espagnols fuyant la guerre. En 1940, l'armée allemande y regroupe des prisonniers français. Le gouvernement de Vichy y ouvre l'année suivante un camp d'internement administratif qui fermera en 1942. Après une brève occupation de l'armée allemande, le site redevient à la Libération et jusqu'en 1946 un camp d'internement pour les personnes soupçonnées de fait de collaboration.

Revenu à un propriétaire privé, le château est définitivement acquis par l’État en 1975.

sol du quartier correctionnel pour mineur de la maison central de Gaillon
 sol du quartier cellulaire de la colonie correctionnelle de Gaillon (2016)

Pour aller plus loin

- voir la fiche en ligne sur Hugo Patrimoine des lieux de justice

- Gaillon-Château. Étude du bâti (2012), de Dominique Pitte et France Poulain et, des mêmes auteurs, "Les graffitis contemporains du château de Gaillon" (2014)

- Voir mon article en ligne "Pour une archéologie de la détention. Le château-prison de Gaillon (1825-1912)"