Château de Gaillon
Sylvain Palfroy

Gaillon. Une prison dans un château Renaissance

Marc Renneville Histoire du château de Gaillon de la Renaissance aux prisons
Après quelques années de recherche et une belle coopération avec l'équipe du château, "GAILLON. Une prison dans un château Renaissance" vient de paraître dans la collection « Beaux livres » des éditions La Martinière.

Situé dans l’Eure à mi-chemin entre le jardin de Giverny et château Gaillard, moins connu que Clairvaux ou Fontevraud, le château de Gaillon mérite d'être redécouvert pour sa qualité de butte témoin des politiques pénitentiaires du XIXe siècle.

La France ne manque pas de châteaux Renaissance ni de prisons. Mais un château Renaissance transformé en maison centrale avec une colonie pour mineurs et un quartier spécial pour condamnés aliénés, il n’y en a qu’un, c’est Gaillon. Initialement érigé en château fort, le castrum médiéval a été métamorphosé par les archevêques de Rouen, à l'initiative de Georges d'Amboise 1er, en un somptueux palais. Après un déclin amorcé au siècle des Lumières, le château fut repris comme bien national sous la Révolution puis réapproprié pour faire fonction, durant plus d’un siècle (1816-1925), de maison centrale de détention et de correction pour des hommes, des femmes, des enfants et des détenus présentant des troubles psychiques.

L'ouvrage est une invitation à parcourir cette destinée contrastée et exceptionnelle. Il alterne de magnifiques vues prises par le photographe Guillaume de Laubier avec des documents d’archives donnant à voir les traces laissées par les détenus : un graffiti sur un mur, une mention gravée sur une porte en bois, une correspondance administrative, une chanson composée par un prisonnier… Il constitue une introduction richement illustrée à l'histoire des prisons et des peines de notre société contemporaine.

Ce beau livre est dédié à la mémoire de Jean-Claude Vimont, grand historien du judiciaire, infatigable arpenteur des vestiges de la Normandie carcérale, ami trop tôt disparu.

A noter : une importante campagne de restauration du château a débuté en 2004. Le site reste néanmoins ouvert au public. Il mérite votre visite !

Et si vous êtes à Gaillon, je vous invite à prolonger la visite par une petite expérience culinaire. J'aurais aimé insérer un pain dans le livre, pour rappeler combien cet aliment était crucial dans le régime des détenus. Le pain était en effet l'aliment de base des prisonniers. Il en était distribué une part de 750g par jour, pour les adultes. Trop souvent composé de farines de piètre qualité, mal pétri, mal cuit, il était fréquemment l'objet de récriminations. Tout au long de ma recherche, je me suis demandé s'il s'agissait d'un défaut de conception ou de réalisation. 

 

Quel goût aurait eu ce pain s'il avait été fabriqué avec soin en suivant rigoureusement les prescriptions de l'administration pénitentiaire ? J'ai retrouvé la recette et un boulanger y a mis tout son savoir-faire. Alors, n'hésitez à faire l'expérience ! 

Le pain du prisonnier est en vente à la Boulangerie du château de Gaillon